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Alexandra Beauvais, la cuisine bien-être comme mode de vie

Pour la cheffe bretonne, créer des recettes de cuisine sans gluten a été un acte de résilience. Tour à tour éducatrice spécialisée, journaliste culinaire et consultante spécialisée en alimentation santé, elle s’apprête à lancer une nouvelle marque de produits et services nutritionnels.

Née dans une famille de cuisiniers depuis trois générations, Alexandra Beauvais aurait pu suivre un parcours tout tracé. “J’ai toujours eu ça dans les tripes. Le spectacle de la cuisine m’émerveillait comme au théâtre, mon père me laissait y improviser mes plats et je me sentais comme dans la série de livres pour enfants : Martine au resto !” raconte cette quadragénaire qui se définit aujourd’hui comme une cheffe bien-être après un parcours non dénué d’épreuves. À l’âge de quinze ans, elle est en effet victime d’une agression. “En fauteuil roulant, c’était fichu pour l’école hôtelière. Je me suis orientée vers la psychologie. Jusqu’à la trentaine, j’ai exercé comme éducatrice spécialisée pour personnes handicapées mentales”, poursuit-elle. Elle ne perd pas pour autant le goût pour les activités culinaires : “J’ai utilisé la cuisine comme art-thérapie”, précise Alexandra Beauvais qui, sitôt sa mobilité retrouvée, avait tenu à passer un BEP Cuisine, obtenu à l’âge de 24 ans. Poursuivant ses études, elle décroche un Master 2 en Sciences de l’Information et de la Communication, se spécialise dans la communication sur le vin et interculturelle (sujet de thèse : l’espace commensal) puis devient enseignante et journaliste culinaire.

Une chasse aux allergènes

Jusqu’à ce jour de 2008 où elle apprend qu’elle est atteinte de maladie cœliaque, une intolérance permanente au gluten. “Sur le moment, j’ai cru que le monde s’écroulait”, rapporte-t-elle. “Nous nous sommes mis à faire la chasse aux étiquettes mais même en étant avertis, nous sommes allés de surprise en surprise en découvrant ce qu’il y avait dans les aliments, du dextrose de blé dans le jambon blanc à un dérivé de froment dans la sauce soja !” relate son compagnon Freddy Thiburce, alors directeur du Pôle culinaire national des Produits laitiers et aujourd’hui animateur de la plateforme d’innovation collaborative “Manger du Sens”, dont Alexandra Beauvais est cofondatrice. “Sur les allergènes, la France fait partie des derniers de la classe. L’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont plus avancés que nous, déplore Alexandra Beauvais. La farine de blé ne devrait pas poser problème. Ce qui pose problème, c’est le nombre de produits à la farine blanche avec des additifs. Notre corps n’est pas habitué.

Le plaisir de manger… sainement

Rapidement, Alexandra Beauvais décide d’affronter sa maladie sans renoncer à sa passion. Elle rebondit dans l’alimentation santé en animant des ateliers, en écrivant des livres de recettes sur la cuisine bien-être et en explorant de nouveaux concepts (dont une gamme de jus bio avec le mannequin Mareva Galanter)…
Elle s’adresse aux intolérants alimentaires mais pas seulement : “Il faut prendre conscience que l’alimentation concourt à au moins 50 % du sentiment de bien-être”, explique-t-elle. Sans rejeter totalement les plats industriels – “Il peut y en avoir de bons si le produit est respecté et le bien-être du consommateur pris en compte” dit-elle –, elle s’inspire du chef triplement étoilé Michel Guérard, père de la cuisine santé, et préconise une alimentation à base de “produits locaux et de saison, issus d’une agriculture au minimum raisonnée comme l’était celle de nos grands-parents, sans la séparer de la notion de plaisir et de partage.”
Le droit à la gourmandise fait partie de l’héritage familial : Alexandra Beauvais explique qu’après avoir été diagnostiquée cœliaque, elle a ressenti le besoin de retrouver le goût de ses madeleines de Proust, en l’occurrence celui de la religieuse et de la pâte à choux que faisait son père…

Personnaliser sans exclure

En 2019, la cheffe anime l’espace Food du Sirha, qu’elle dédie au “manger healthy”. De cet événement naîtra NC-Natural Cooking, une marque bio de préparations pour gâteaux sans gluten, sans conservateur ni additif et à indice glycémique bas, confectionnées en France dans un atelier protégé et qui cotise à l’ONG 1 % pour la Planète.
Originalité du concept : le consommateur pourra choisir entre “la recette préférée d’Alexandra” en ajoutant des œufs et des produits laitiers ou préparations végétales et une recette dépourvue des “14 principaux allergènes répertoriés”. La cheffe met ainsi en application sa volonté de “ne pas s’arrêter à un seul point de vue : on peut satisfaire tout le monde à table. Celle-ci doit rester un élément qui nous rassemble.

Après les confinements de 2020, Alexandra Beauvais a rebaptisé sa marque Drouïz et complété son offre de produits par un service d’accompagnement personnalisé.

Lancée sur le salon professionnel parisien M.A.D.E. en septembre 2020, en même temps que la plateforme Manger du Sens, NC-Natural Cooking vient d’être rebaptisée pour prendre le nom de Drouïz. En langue celtique, drouïz signifie druide. Avec ce clin d’œil à sa Bretagne natale, Alexandra Beauvais, qui vit à Rennes, exprime le développement de son offre vers le conseil.
Pendant les confinements, plusieurs personnes intéressées par mon parcours m’ont demandé de devenir leur coach de vie”, explique-t-elle. Sans aller jusque-là, elle a ajouté des services en option : une analyse du microbiote par la start-up rennaise Nahibu (199 €), un plan alimentaire avec carnet culinaire et recommandations personnalisées (219 €) par son homologue Shido et la possibilité de formations en présentiel ou visiophonie. Une évolution vers l’alimentation personnalisée qui est, selon Alexandra Beauvais et Freddy Thiburce, devenue incontournable pour qui veut “bien se nourrir, partager de bons moments et prendre soin de soi.”
La gamme de produits (4,60 € à 9,90 €) va quant à elle s’enrichir de préparations salées et de petits pains adaptés pour les allergiques, diabétiques et épileptiques.


Olivier COSTIL

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